En me réveillant ce matin à Maui, j’ai réalisé que mon dernier séjour sur l’île hawaïenne datait d’il y a 10 ans quasiment jour pour jour. Aujourd’hui, je suis ici pour diriger plusieurs ateliers et célébrer Thanksgiving avec mon compagnon. En 2005, j’étais venue pour célébrer mes fiançailles avec mon –désormais- ex-mari. J’avais alors 26 ans. Avec du recul, et sans doute plus de sagesse et de maturité, je m’aperçois que j’étais perdue et que je souffrais beaucoup intérieurement.
Avant le yoga …
A cette période, je voulais être mariée et porter une grosse bague. Je voulais conduire une grosse voiture, être bien habillée, avoir une belle maison. Je ne fréquentais que les restaurants tendance et les hôtels les plus chics. Ma vision du bonheur se limitait aux apparences : le look et les biens matériels devaient faire de moi une femme heureuse.
Et pourtant, je vivais tout le contraire.
Je détestais mon travail, ne vivant que pour le week-end et appréhendant le lundi matin. En proie aux crises d’angoisse, je me détestais physiquement. Mal dans ma peau, je m’accrochais à une relation qui n’était saine ni pour moi, ni pour l’autre. In fine, je n’étais bienveillante ni avec moi-même, ni avec les autres.
Quelque chose n’allait pas mais je ne voyais pas comment améliorer la situation.
Tout abandonner pour renaître
Déboussolée, j’ai entrepris des activités sans vraiment savoir pourquoi. Et c’est ainsi que j’ai entamé une formation de professeur de yoga. Cela a été un déclic qui m’a permis de véritablement changer de vie.
J’ai compris qu’il me fallait abandonner tout ce à quoi je tenais pour devenir ce que je suis.
Tous les choix qui ont suivi ma formation ont été difficiles à prendre. J’avais peur. Il m’a fallu lutter avec moi-même pour lâcher prise. J’ai fini par accepter ce que j’avais à faire, renoncer à mes précédentes aspirations pour devenir ce que je suis.
Il y a une citation de l’essayiste américain Joseph Campbell que j’adore : « Vous apprendrez à continuer à mourir. » C’est ce que j’ai choisi de faire et que je continue de faire. Je pratiquais l’autodiscipline en m’imposant ce que nous, yogis, appelons les tapas : des efforts intenses que l’on considère comme nécessaires pour atteindre un objectif que l’on s’est fixé.
J’ai commencé par abandonner ma carrière et quitter mon mari. D’autres choix, moins radicaux, se sont imposés. Chaque décision que je prenais me terrifiaient sur le coup mais faisaient mouche. J’effaçais les schémas qui m’habitaient et détricotais les liens qui me faisaient souffrir. C’est comme si j’avais creusé un trou pour y enterrer mon ancien moi afin de laisser émerger une nouvelle version d’Alexandria, bienveillante, douce, mieux dans sa peau.
Le travail n’est jamais fini
Ce matin, en marchant sur la plage, je réfléchissais à tout le chemin que j’ai parcouru en dix ans. Devenue professeure de yoga à plein temps, j’enseigne dans le monde entier et j’adore ça. Plus qu’un travail c’est pour moi une raison d’être. Je ne suis plus minée par l’angoisse, un complexe physique ou des relations malsaines. J’ai des amis incroyables qui me soutiennent. J’aime les gens. J’ai une très jolie maison et … oui, j’aime toujours autant les beaux vêtements, mais je ne crois pas que mon bonheur en dépende.
Ma transformation est toujours en cours. Chaque jour dès le réveil, je fais un travail sur moi pour me libérer d’autres schémas générateurs de souffrances. Ce travail n’est pas terminé, mais aujourd’hui je suis sereine, présente et heureuse.
Quand je repense à l’Alex que j’étais à 26 ans, je n’éprouve ni tristesse, ni pitié, ni honte. Je ressens de la gratitude pour ce qu’elle m’a appris. Sans elle, je ne serais jamais arrivé où je suis aujourd’hui et je n’aurais jamais rencontré et aidé des personnes qui subissent les mêmes états de souffrance qui me rongeaient dans le passé.
Par Alexandria Crow
Source : http://www.yogajournalfrance.fr/la-formation-de-professeur-de-yoga-a-change-ma-vie/