Lâchez l’alcool, le cannabis ou la cigarette pour une drogue saine: l’extase. Une substance 100% naturelle fabriquée par le corps, selon Randhir Kumar, maître de yoga, thérapeute et conférencier.
«Le yoga, c’est le meilleur des substituts de l’alcool ou des drogues!» Vous croyiez le yoga juste bon à délasser les femmes stressées ou dynamiser des corps d’hommes séduits par un challenge postural? Détrompez-vous.
Pour Randhir Kumar, maître de yoga installé depuis quatre ans à Estavayer-le-Lac (FR), le yoga est un soin puissant. Une thérapie capable de venir à bout de tous les maux. Diplômé de grandes universités indiennes, initié depuis l’enfance à des techniques secrètes en Inde mais aussi en Grande-Bretagne, ce guide et guérisseur spirituel du Penjab enseigne cette science millénaire sous forme de cours, mais aussi de séminaires et d’ateliers pratiques un peu partout en Europe. L’un de ses chevaux de bataille: l’addiction. Désespéré de voir les jeunes – et moins jeunes – s’enfoncer dans la recherche de plaisirs artificiels en s’enivrant jusqu’au coma ou fumant du cannabis, le jeune homme rêve que tous accèdent au puits de connaissances et d’expériences qu’apporte la pratique du yoga.
De la méditation à la médecine ayurvédique
C’est qu’il ne se résume pas aux postures réalisées plus ou moins acrobatiquement dans les salles de fitness: elles n’en constituent qu’une infime part. Dans son sens original, le yoga comprend aussi de la méditation, des exercices de respiration (pranayama), des techniques de purification (kriyas), des mantras (ou sons chantés) et des remèdes ayurvédiques. «L’ensemble produit des effets phénoménaux», assure Randhir Kumar.
Saviez-vous que cette discipline était connue pour réguler des hautes ou des basses pressions, soigner ulcères ou problèmes digestifs, soucis de dos ou d’articulations et tous les troubles liés au stress, aux angoisses et à la dépression? Elle fait aussi merveille dans les cas de cancers, en complément de la médecine traditionnelle, relève le maître de yoga.
Et ce n’est pas nouveau que le yoga soit utilisé dans le traitement des addictions: on en parlait déjà en pleine période hippie de la fin des années 60 (lire l’encadré).
Parce que la pratique du yoga au sens large a la particularité d’influencer des fonctionnements internes sur lesquels on n’a habituellement aucune prise. Comme le système nerveux autonome – sympathique et parasympathique – qui comme son nom l’indique s’occupe d’activités de notre corps qui roulent (ou pas) toutes seules: la digestion, la transpiration, les mécanismes du stress qui préparent à la lutte et ceux de la relaxation, la circulation du sang, la respiration, etc. Randhi Kumar assure pouvoir ainsi faire monter ou baisser sa propre température corporelle.
Certains yogi bien entraînés sont capables d’arrêter leur cœur ou leur circulation sanguine, tout en restant en vie…
Sans aller jusqu’à ces extrémités, se débarrasser les veines du poison qu’on y instille en consommant drogues (au sens large) ou alcool serait donc, pour le commun des mortels, une balade de santé. Car chaque posture de yoga provoque déjà des effets insoupçonnés. Par exemple, celle du poisson, tout en torsion, soulage les troubles au niveau des intestins, du pancréas et des reins. Celle où, assis les jambes tendues, on tire ses orteils contre soi, n’est pas que du stretching: en lien avec les parties génitales, elle permet de réguler les menstruations par exemple. Et les exercices de respiration font circuler bien plus que l’oxygène dans les veines: «Quand vous inspirez, vous remplissez votre corps d’énergie vitale, qui stimule les organes, les nettoie via une grande production d’urine et de transpiration», explique le spécialiste.
Bien plus encore, ajoute Randhir Kumar:
Le corps est capable de créer de la joie, du bien-être 100% naturel.
Des effets rapides, en quelques minutes, devant lesquels alcool ou cannabis peuvent aller se rhabiller. Et sans les contre-coups de chutes d’autant plus bas qu’on est monté haut, les perte d’estime de soi et tendance à la dépression, ainsi que les inévitables atteintes aux autres organes vitaux. En bref, une libération d’hormones comparable à celle que connaissent les grands sportifs lors de séances soutenues.
Puisant dans les diverses techniques du yoga, notamment le kundalini (lire l’encadré), Randhir Kumar concocte des entraînements sur mesure aux personnes dépendantes, après une séance de diagnostic des conditions physique et psychique.
En deux ou trois semaines, j’ai vu mes patients abandonner leurs dépendances avec succès. Ils sont frais. Épatés de réaliser qu’ils peuvent accéder à un niveau de bien-être égal, sans drogue ni alcool.
D’avoir pu remplacer l’ecstasy par l’extase, en gros…
Mystérieux et puissant kundalini yoga
Parmi les nombreuses écoles de yoga, c’est le kundalini qui est particulièrement réputé pour ses vertus dans le traitement des dépendances. Couramment utilisé en Inde dans les cures de désintoxication, il a fait parler de lui à Zurich, dans les années 1930 déjà, grâce à un certain Carl Gustav Jung, le psychanalyste de renom. Dès 1969, c’est Yogi Bhajan qui a fait connaître et démocratisé le kundalini en Occident.
«C’est un yoga très puissant qui se transmettait jusque-là de maître en maître», raconte Véronique Langelaan-Estoppey, qui enseigne le kundalini yoga à Vevey. «Maître de yoga, Yogi Bhajan travaillait au service des douanes en Inde et voyait passer tous ces hippies en recherche de spiritualité et d’extase, et qui finissaient par goûter aux drogues. Il a alors tout quitté pour se rendre au Canada, puis à Woodstock. Il a commencé à montrer à ces jeunes comment rechercher cet état à l’intérieur d’eux-mêmes, grâce à des techniques de respiration notamment.»
Littéralement boucle de cheveux de la bien-aimée, le kundalini désigne une énergie originelle curative – ou puissance mystique – au fond de chacun qui circule dans la colonne vertébrale. De «l’électricité puissante comme une bombe atomique», d’après Randhir Kumar. Aux effets significatifs et très rapides. «Il faut être prudent, humble et très discipliné pour ne pas finir dans les décors», précise Véronique Langelaan-Estoppey, qui travaille en relation avec un psychiatre pour toutes les addictions.
L’une des respirations de base du kundalini, la respiration du feu, en démultiplie les effets. Elle est connue pour nettoyer le sang en trois minutes des dépôts nocifs de la cigarette, du sucre, de l’alcool, du café et des drogues.
Source : http://www.migrosmagazine.ch/au-quotidien/psychologie-et-sexualite/article/le-yoga-contre-les-dependances